qui est différent.e?
Y a t-il les malades d’un côté et et les personnes saines de l’autre côté? Est-on malade ou en bonne santé, sans aucune possibilité de nuances ou de changements, comme un état gravé dans le marbre? La stigmatisation des troubles mentaux trouve en partie ses origines dans cette idée reçue selon laquelle les personnes malades seraient des personnes à part.
En réalité, notre état mental change tout au long de la vie, et nous passons par autant de maux et de douleurs que de périodes heureuses ou sereines. La santé mentale, la souffrance et la maladie ne sont pas des états figés. Cela est valable pour les personnes en bonne santé, comme pour celles atteintes d’un trouble psychique. Et cette frontière, qui existerait entre « normalité » et « pathologique » est, elle aussi, mouvante. En réalité, nous nous situons souvent en « zone grise » avant, pendant et après la maladie?
« Les caractéristiques mentales des individus constituent plutôt un spectre continu, à l’instar des couleurs du spectre lumineux. »
La recherche d’équilibre, quel que soit notre place sur ce spectre lumineux est commune à toutes et à tous. Tout comme il est possible de se remettre d’une maladie physique, d’être en convalescence ou en rémission, les troubles psychiques eux aussi évoluent au cours de la vie, et le rétablissement est possible.
Jusque-là, elle avait vécu dans la croyance qu’il existe d’un côté les entièrement heureux, de l’autre les complètement malheureux.»
des chiffres qui parlent.
qui est normal.e?
La distinction usuelle qui est faite entre une personne saine et une personne atteinte de troubles psychiques repose en partie sur la notion de norme. Certaines personnes seraient dans la norme, et d’autres pas. Mais qu’est-ce que la norme? Est-ce que le fait de ne pas être atteint.e d’un trouble psychique suffit à faire de nous une personne “normale”? En réalité, la question de la “normalité” pèse sur de nombreux domaines de notre vie.
La personne “normale" n’existe pas. Dans certains cas, être hors de la norme est valorisé par la société, comme un QI élevé, par exemple, ou une grande minceur. Dans le cas de la souffrance psychique, un diagnostic ou même un épisode difficile sera la plupart du temps vu comme quelque chose à cacher. Souvent, il sera même source de stigmatisation voire de discrimination.
« Quand je suis malade, je refuse les invitations et je ne culpabilise pas. Alors pourquoi ai-je honte d’avouer ma souffrance psychologique? »
Pourquoi la souffrance est-elle si inavouable? Au lieu de la voir comme un état à cacher ou à éviter à tout prix, la souffrance ne pourrait-elle pas aussi être vue comme une composante de la vie, douloureuse mais parfois aussi constructive et surtout, propre à chacun.e?
« Aujourd’hui, souffrir est très mal vu. C’est indécent même, comme si cela laissait soupçonner un manque d’adaptation à l’idéal partout proclamé d’un bonheur éclatant. »
la souffrance psychique, c’est quoi?
Tout le monde a une idée de la douleur physique et l’a expérimentée de nombreuses fois, à différents niveaux: une fracture du bras, une courbature, une migraine, un accouchement, une otite, un doigt coincé dans une portière… Ce sont des expériences de douleur différentes en termes d’intensité, de durée, de force ou de gravité. On ne les a pas toutes vécues mais on peut les imaginer parce qu’on en a connu d’autres, ce qui nous permet de nous identifier aux personnes qui les vivent et de compatir avec elles.
« On porte tous en nous de grandes et petites fragilités, de grandes et petites misères et une grande beauté aussi… »
Qu’en est-il de la souffrance psychique? Tout le monde n’a pas vécu une phobie sociale, un épisode psychotique, ou une crise d’angoisse. Est-ce que cela nous empêche de nous représenter ces souffrances? Qui d’entre nous n’a pas connu une tristesse intense? Une peur paralysante? Un sentiment de rejet ou d’abandon? Une solitude? Une perte de contrôle? La sensation que tout s’effondre autour de nous? Ces expériences n’ont pas la même intensité, durée ou gravité que celles que vit une personne avec un trouble psychique. Ni les mêmes conséquences. Mais elles nous permettent de nous représenter d’autres souffrances. Et peut-être de réaliser que ce que vit une personne avec un trouble psychique ne nous semble plus si étranger.
les mots de la santé mentale.
La façon dont nous utilisons certains mots a une influence sur nos représentations mentales, et sur celles des autres.
Souvent, le vocabulaire psychiatrique est utilisé à tort dans notre langage de tous les jours, mais également dans les médias. Cet usage entretient des clichés et des stéréotypes négatifs sur la santé mentale et sur les personnes qui souffrent de troubles psychiques.
Notre premier Dossier est consacré au regard que nous posons sur les troubles mentaux et la souffrance psychique. Quelle différence faisons-nous entre une personne “saine” et une personne “malade”? Qui est “normal.e” et qui ne l’est pas? Cette distinction existe-t-elle vraiment et quel est le poids de cette “normalité”?
minds propose ce Dossier “Qui est normal.e?" dans la continuité de la Journée mondiale de la santé mentale du 10 octobre, en résonance avec les célébrations des 40 ans de la Fondation Trajets.
“Les malades mentaux, une catégorie d’êtres à part ?"
Témoignage de Marianne. Pro Mente SanaPrès de 30% des Genevois font état de symptômes dépressifs.
Les troubles psychiques représentent la première cause d’invalidité avec 46% des rentes AI.
En Suisse, la dépression seule coûte près de 10 milliards de francs par année (coûts directs et indirects).
Le suicide est la 4ème cause de mortalité en Suisse (la 1ère chez les jeunes de 15 à 29 ans).
Par exemple, posons-nous les questions suivantes:
Témoignage. Huffington Post
« Souffrir, c’est vivre ». Chantal ThomasUne personne sur deux souffre un jour ou l’autre dans sa vie, de troubles psychiques.
Témoignage de François. TrajetsTémoignages de personnes vivant avec des troubles psychiques recueillis par la fondation Trajets.
Avez-vous déjà utilisé ou entendu les expressions suivantes?
Quelles sont les bonnes questions à se poser avant d’utiliser ces mots:
Sources: