Le lien social, crucial pour la santé mentale

Se sentir connecté·e aux autres est essentiel pour notre bien-être, physique comme psychologique. L’isolement social représente un risque majeur pour la santé, il augmente :

• jusqu’à 29% le risque de contracter une maladie cardiaque (1)
• jusqu’à 32% le risque d’accident vasculaire cérébral (1)
• jusqu’à 50% le risque de souffrir de démence (1)
• le risque de souffrir de dépression et d’anxiété (2).

Si les liens sociaux d’entraide, d’amitié et d’amour constituent un véritable carburant de bien-être, leur contraire, l’isolement, a des effets très néfastes pour l’être humain.

“Les risques pour la santé de l'isolement social sont comparables à ceux du tabagisme quotidien, de la consommation excessive d'alcool et de l'obésité.” - (3)

Être en situation d’isolement social signifie que l’on manque de liens sociaux, et/ou que l’on manque de liens sociaux de qualité. Une personne qui paraît très entourée peut ainsi être isolée si ces liens ne sont pas de bonne qualité, par exemple si elle ne se sent pas soutenue, ni écoutée.

Une épidémie d’isolement qui touche les seniors mais aussi les jeunes !

L'isolement est actuellement très présent au niveau mondial, et, contrairement aux idées reçues, il ne touche pas que les personnes âgées dans les pays riches. Selon une étude récente portant sur 142 pays, on constate que 24% des personnes dans le monde vivent en situation d’isolement social (4). Les adolescent·es sont notamment très touché·es : entre 5 et 15% d’entre eux·elles souffrent de solitude dans le monde (5).

L’isolement social peut être causé par une foule de facteurs différents selon l’âge, le niveau socio-économique, le genre ou encore la nationalité.

“Si les personnes âgées souffrent effectivement d’isolement social, ce n’est pas vraiment en raison de leur âge mais plutôt en raison d’aménagements urbains peu adaptés à leur mobilité.” - Dre Ulrike Armbruster-Elatifi, sociologue

En effet, se déplaçant majoritairement à pied, les personnes âgées ont besoin de quartiers adaptés à leurs capacités physiques (des trottoirs larges mais peu élevés, de nombreux bancs, des toilettes publiques accessibles, etc.), afin de pouvoir sortir et aller à la rencontre des autres.

Pour les adolescent·es, les causes sont plutôt à chercher du côté du changement de lien et de la crise identitaire inhérente à la période que nous vivons, selon Dre Anne Edan, psychiatre et psychothérapeute et responsable de l'unité de crise Malatavie aux HUG. La dépendance aux écrans et aux réseaux sociaux joue probablement aussi un rôle, tant leur influence sur les relations avec les autres et avec soi-même est aujourd'hui importante.

Structurer la ville pour encourager le lien social

Le point essentiel mis en avant par les expert·es pour lutter contre l’isolement est de structurer la ville pour encourager le lien social ! En effet, créer des opportunités de connexions sociales est un impératif moral de la société, et c’est à travers l’urbanisation, l’architecture et l’aménagement de lieux de rencontre que cet impératif peut être satisfait.

Selon Yann Boggio, Secrétaire général de la Fondation genevoise de l'animation socio-culturelle – FASe, l'idéal serait de créer des espaces inclusifs et modulables pour répondre aux besoins de tout le monde et permettre la participation des personnes de tous âges, genres, milieux socio-économiques et professionnels, ainsi que de celles et ceux qui sont en situation de handicap.

Non seulement ces aménagements permettent de créer une ville vivante et de favoriser le lien social, mais ils encouragent également les interactions intergénérationnelles qui permettent de lutter contre les idées reçues liées à l’isolement, et favorisent le partage de savoir et la co-construction de projets entre les générations.

“Le sentiment d’appartenance est essentiel pour développer une résilience qui permet de faire face aux crises multiples auxquelles nous sommes actuellement confronté·es (climat, économie, guerre).” - Yann Boggio

Un grand merci aux merveilleux·ses intervenant·es de cette table ronde, qui ont donné de leur temps et de leur énergie pour nous parler de ce sujet passionnant :

1. Alana Officer, Responsable d'unité, Changement démographique et vieillissement sain, Organisation mondiale de la Santé
2. Yann Boggio, Secrétaire général, Fondation genevoise de l'animation socio-culturelle – FASe
3. Dre Anne Edan, psychiatre et psychothérapeute, Responsable de l'unité de crise Malatavie aux HUG
4. Dre Ulrike Armbruster-Elatifi, sociologue, maître d'enseignement à la Haute école de travail social

Merci également à la journaliste Francesca Serra, qui a joué son rôle de modératrice à la perfection !