Vous êtes-vous déjà dit qu’une rencontre pouvait changer une vie ? Que s’il n’y avait pas eu cette personne à un moment de votre vie, tout aurait été différent ? Que sans vos ami.es, la vie ne serait vraiment pas pareille ? Que dans les bons, comme dans les mauvais moments, c’est votre entourage, vos proches, vos voisin.es, vos collègues, votre famille, au quotidien, qui vous permettent de “tenir”, vous battre, vous émerveiller, vous révéler… bref vivre ! Comment nos relations sociales agissent-elles sur notre santé mentale ?
Un besoin terriblement humain
– Charles Pépin, Philosophe
La crise sanitaire que nous traversons à l’échelle mondiale nous en a donné la preuve irréfutable : sans les autres, notre santé mentale est mise à mal. Et pour la plupart d’entre nous, ce sont les relations sociales avec les ami.es et la famille qui nous ont le plus manqué pendant les périodes de confinement – Sondages : vous étiez confinés mais pas déprimés
Employé dans ce contexte, le soutien social est une relation interpersonnelle, où les individus échangent des ressources pour s’aider mutuellement. Ces ressources peuvent être matérielles (par exemple : argent), mais aussi pratiques (par exemple : aider à déménager), informationnelles (donner un conseil,..) et émotionnelles (réconfort, amour,…)
Les autres, ou plutôt notre relation aux autres, est donc un formidable moteur de vie, de santé, et un facteur déterminant majeur de notre santé mentale.
Tout au long de la vie, nous tissons la grande toile des liens sociaux. Ce réseau que nous construisons dans tous les domaines de notre vie – famille, ami.es, collègues, proches et moins proches – constitue notre soutien social et influence de manière capitale notre santé mentale.
Mais même lorsque tout va bien dans notre vie, le soutien social est bénéfique. A l'image du trampoline, il peut nous tirer vers le haut en boostant notre capacité à explorer et entreprendre de nouvelles choses. D’ailleurs, le fait même de partager des bonnes nouvelles avec un entourage réceptif amplifie les événements positifs de la vie. Un cercle vertueux s’enclenche alors, dans lequel nous trouvons en nous de nouvelles ressources ; nous élargissons notre horizon et donnons un sens à notre vie. On peut aussi parler d'interdépendance positive, lorsque nous créons une relation mutuellement bénéfique qui fait ressortir le meilleur de chacun.e.
“Ce que j'apprécie beaucoup en amenant et en récupérant mes enfants à l'école c'est les bonjour à la volée des autres parents et les quelques minutes que l'on s'accorde en échangeant quelques phrases. Ça amène parfois à des goûters improvisés chez l'un ou chez l'autre. On crée aussi le lien entre voisins et par la suite l'entraide. Je trouve cela important car cela crée une communauté autour de l'enfance initialement mais aussi forme des amitiés entre adultes. Je peux laisser mes enfants aller chez leurs copains et accueillir ces mêmes copains. Dépanner les parents et vice versa. Au quotidien c'est rassurant. Et ces échanges pour une maman qui travaille de chez elle sans avoir trop de contacts professionnels sont juste indispensables !"
Pourquoi est-ce primordial de s’intéresser au pouvoir des relations humaines ? Et pourquoi est-il si unique et puissant ? Peut être parce que nous portons tous.tes ce pouvoir en nous. Demander de l’aide à un.e proche, et accepter cette aide, ou au contraire être là pour quelqu’un d’autre, sont tous des comportements à notre portée. Nous avons donc toutes et tous la capacité d'améliorer notre santé mentale et celle des autres en donnant et en recevant du soutien social. Notre santé mentale est influencée par une multitude d’éléments intérieurs et extérieurs, sur lesquels nous avons plus ou moins de contrôle : certains facteurs sont fixes et ne pourront que peu ou pas changer au cours de la vie (par exemple, les facteurs génétiques), alors que d’autres peuvent changer et être renforcés. Parmi ces facteurs, le soutien social est l’un de ceux sur lequel nous avons le plus d’emprise. Le potentiel d’action en termes de santé publique est donc énorme.
– Les déterminants de la santé mentale – Synthèse de la littérature scientifique, Observatoire de minds
Pour autant, sommes-nous toujours en capacité de rencontrer de nouvelles personnes et d'être disponible pour les autres ? La réponse est non bien évidemment. Nous savons par exemple qu’il est particulièrement difficile pour les personnes souffrant de dépression d’aller vers les autres. Mais dans ces moments-là, l’entourage joue un rôle clé : apporter son soutien ou simplement sa présence à quelqu’un qui n’est pas en mesure de le demander est une ressource d’aide précieuse.
Une personne sur deux souffrira de difficultés psychiques au moins une fois dans sa vie. Neuf personnes sur dix connaissent une personne concernée par des difficultés psychiques et aimeraient les aider. Mais comment ?
Et vous, vous sentez-vous soutenu.e par votre entourage ? Apportez-vous votre soutien ?
Les bienfaits extraordinaires de l’entraide
– Rebecca Shankland, psychologue
L'entraide repose donc sur un fonctionnement mutuel où l'équilibre entre recevoir ET donner est essentiel. Ainsi, notre niveau de bien-être est le plus haut lorsque nous nous engageons dans une relation réciproque. Cela veut-il dire que plus nous aidons et nous mettons au service d’autrui, plus nous sommes heureux.ses ? Et bien non ! Là encore, tout est une question d’équilibre. Les études montrent qu’à partir d’un certain point, aider autrui devient nocif pour notre santé et peut même conduire à un burnout. En réalité, deux heures de bénévolat par semaine suffisent pour en ressentir les bienfaits.
– Heinz Bude, sociologue – Regarder le documentaire complet | ARTE
Mais est-ce toujours possible d’aider les autres, de rendre la pareille ? Par exemple, il est parfois difficile, voire impossible, pour certaines personnes vulnérables ou en situation précaire d’accepter de l’aide par crainte de ne pouvoir rembourser leur “dette d’aide” de manière appropriée. La qualité de nos relations sociales, comme tous les autres facteurs qui déterminent notre santé mentale, est grandement influencée par nos conditions de vie socio-économiques, notre environnement et le contexte sociétal dans lequel nous vivons. Et cet équilibre, entre donner et recevoir, est parfois difficile à trouver, voire hors de portée. On ne peut en effet pas être disponible pour les autres lorsque l'on est soi-même dans une situation de détresse, qu’elle soit sociale, psychologique ou financière. Soutenir un proche peut en effet être épuisant. Parfois on peut se sentir dépassé.e par ses émotions et c'est important de connaître ses limites pour ne pas se mettre soi-même en danger. En effet, il est difficile d'aider quand on est fragilisé.e. Si on ne se sens pas prêt, il est plus efficace de passer la main en sollicitant une autre personne (un proche ou bien un professionnel). Il est aussi possible d'appeler une ligne de soutien psychologique lorsque l'on en ressent le besoin.
Les groupes d’entraide autogérés mettent en relation des personnes faisant face au même problème ou vivant une situation similaire (maladie, deuil, divorce, proches aidant.e.s, etc.), et qui se réunissent pour partager leurs expériences et s’entraider.
Pourquoi sommes-nous beaucoup plus heureux.ses ensemble ?
Des liens sociaux positifs, durables, épanouissants, et empathiques sont essentiels à notre survie psychologique et physique.
La santé mentale, c'est les autres ?
Les êtres humains sont profondément interdépendants : les liens sociaux, d’entraide, et de solidarité que nous créons tout au long de la vie sont indispensables à notre bien-être et nous permettent de fonctionner en tant que société. Ces liens sont un formidable moteur d’espoir et un facteur déterminant majeur de notre santé mentale. C’est le super pouvoir des relations humaines.Le fait de savoir que l’on est aimé.e, estimé.e, valorisé.e, et que l’on fait partie d’un réseau social, est un besoin humain indispensable. D’un point de vue philosophique, certains affirment que “la vraie vie est rencontre”. Elle n’est pas simplement “un plus”, elle n’est pas simplement agréable ou intéressante, la rencontre est vitale, c’est le cœur de l’existence humaine.
« Nous les êtres humains, nous sommes les seuls êtres vivants qui avons besoin de retrouver les autres pour se retrouver. »
Que veut-on dire par soutien social ?
Soutien social en Suisse:
soutien faible
soutien élevé
Soutien social à Genève:
soutien faible
soutien élevé
On pourrait même dire que nos relations sociales sont à la santé mentale ce que les supers aliments sont à la santé physique. De la même manière qu’il existe des aliments qui boostent notre organisme et notre système immunitaire, la qualité de nos relations humaines nous protège tout autant qu’elle booste notre état de bien-être. Par exemple, de nombreuses études ont montré que le fait d’être bien entouré.e agit autant sur notre bien-être que la pratique d’une activité sportive.La santé mentale, c'est les autres
Les supers pouvoirs des relations humaines
Se sentir soutenu.e, ça booste la confiance
Les effets et bienfaits du soutien social sont nombreux et font des merveilles pour notre santé. Être bien entouré.e et se sentir soutenu.e permet de mieux faire face aux événements négatifs de la vie et d’atténuer les effets du stress par exemple. Cela agit comme un bouclier.
Témoignage d’Emmanuelle
Vous avez envie de raconter votre histoire ? minds cherche des témoignages pour son prochain podcast. Vous avez vécu un moment charnière de votre vie, un coup dur, un moment de détresse que vous avez surmonté grâce au soutien de vos proches ? Ecrivez-nous sur temoignages@minds-ge.ch. Retrouvez tous les épisodes de notre podcast C’est pas que dans la tête !
Un pouvoir à portée de main
Dans une perspective de santé publique, il est intéressant de mieux comprendre quels sont les déterminants sur lesquels on peut agir afin de favoriser leur impact positif ou atténuer leur impact négatif.
Focus sur un acteur Suisse de la prévention
ensa.swiss
Par exemple, on peut toutes et tous se poser les questions suivantes :
De nombreuses études montrent qu’aider son prochain, ça fait du bien. S’entraider, donner de son temps, faire preuve de bonté, d’altruisme et de solidarité renforce non seulement notre santé mentale mais déclenche aussi des réactions physiques bénéfiques.
41% de la population suisse
a fait du travail bénévole
en 2020 Plusieurs études montrent les bienfaits du bénévolat:
un meilleur sommeil
une meilleure santé physique
un réseau social plus solide
une meilleure estime de soi
une diminution de l'anxiété
une diminution des symptômes dépressifs
“Il faut se dire qu'à chaque fois que je suis dans la bienveillance, l'entraide, l'altruisme, la gratitude, ça fait du bien à mon corps."
“Le seul remède, c'est la solidarité."
Focus sur un acteur Suisse de la prévention
www.infoentraidesuisse.ch
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