Aujourd’hui, nous n’avons plus les moyens de faire de la santé mentale un si grand tabou. La santé mentale doit être favorisée, valorisée, défendue, protégée ! Et la souffrance psychologique ne doit plus être un sujet de conversation culpabilisant ou stigmatisant. Vivre dans une société qui favorise une bonne santé mentale pour tout le monde, c’est la vision de minds et c’est la raison pour laquelle nous avons marché lors de la Mad Pride le 7 octobre dernier, aux côtés de quelque 1000 participant·es.

Il est plus que temps de reconnaître que la santé mentale est un enjeu de santé publique important ! Au Danemark, une étude récente a déterminé que le risque de recevoir au cours de sa vie un diagnostic de trouble psychologique OU une prescription d’un médicament psychotrope est de 83%.

Que retenir de ce chiffre ? Tout d’abord, que la souffrance psychique ne concerne pas que les personnes atteintes d’un trouble diagnostiqué, puisqu’il est tout à fait possible d’avoir besoin d’une solution médicamenteuse sans pour autant remplir les critères diagnostiques habituels. Et deuxièmement, que la souffrance psychique est bien plus répandue qu’on ne le pense et qu’elle mérite toute notre attention.

En Suisse aujourd’hui :

• environ 1 personne sur 6 souffre de détresse psychologique (2)
• entre 2020 et 2021, les hospitalisations pour troubles psy ont augmenté chez les jeunes : de 11% pour les jeunes hommes de 10 à 24 ans, et de 18% pour les jeunes femmes du même âge (2)
• la moitié des rentes de l’assurance invalidité concernent des troubles psychiques (3)
• en 2022, la détresse psychologique a progressé de 15% à 18% par rapport à 2017, tout particulièrement chez les femmes de 15 à 24 ans (29% contre 19% en 2017) (4)
• Près d’une jeune femme sur dix se dit fortement affectée sur le plan psychologique (9% contre 4% en 2017) (4)
• 18% des jeunes femmes indiquent avoir connu des troubles anxieux au cours des 12 derniers mois (4)

La santé mentale, nous n’avons de cesse de le répéter, dépend d’une myriade de facteurs, individuels, mais aussi et surtout collectifs, comme le statut socio-économique, le système de santé, l’environnement, etc. C’est pourquoi nous militons pour une meilleure prise en charge politique de la santé mentale.

“La responsabilité individuelle, c’est faire au mieux par rapport à où on en est, avec des ressources personnelles qui varient selon les périodes de vie. La responsabilité collective, c’est de faire en sorte que la société favorise la santé mentale.” - Stéphanie Romanens Pythoud, directrice de la Coraasp

La santé mentale, dans l’impasse politique ?

Les discussions qui ont eu lieu lors de la Mad Pride le soulignent, en Suisse aujourd’hui la société est encore loin de favoriser une bonne santé mentale pour tout le monde. La prise de conscience au niveau politique est insuffisante. Preuve en est : il n’existe tout simplement pas de stratégie nationale de promotion de la santé mentale.

"C'est malheureux à dire mais on a encore un parlement qui pense que si vous avez un problème de santé mentale, c'est de votre faute" - Léonore Porchet, conseillère nationale (Vert-e-s/VD)

La santé mentale devrait être prise en compte dans tous les domaines de la société, car il s’agit avant tout d’un enjeu collectif. Le système de santé, les conditions de travail, les inégalités sociales, qu’elles soient liées au genre, à l’orientation sexuelle ou encore à la couleur de peau ou au revenu, sont autant de facteurs fondamentaux qui influencent notre santé mentale et sur lesquels les politiques peuvent et doivent agir. Il est crucial que les cadres légaux et institutionnels prennent en compte la santé mentale et comment la promouvoir : la création d’une stratégie nationale de promotion de la santé mentale serait un bon point de départ.