Le travail c'est la santé ?
Nous faisons peser sur le travail des éléments fondateurs de notre bien-être et de notre humanité. Mais avons-nous raison d’attendre autant de notre emploi ? Le travail doit-il répondre à tous nos besoins dans la vie ? Peut-il vraiment nous rendre heureux·se ? Comment concilier santé mentale et travail ?
Le travail c'est la santé ?
Nous faisons peser sur le travail des éléments fondateurs de notre bien-être et de notre humanité. Mais avons-nous raison d’attendre autant de notre emploi ? Le travail doit-il répondre à tous nos besoins dans la vie ? Peut-il vraiment nous rendre heureux·se ? Comment concilier santé mentale et travail ?
Le travail c'est la santé ?
Nous faisons peser sur le travail des éléments fondateurs de notre bien-être et de notre humanité. Mais avons-nous raison d’attendre autant de notre emploi ? Le travail doit-il répondre à tous nos besoins dans la vie ? Peut-il vraiment nous rendre heureux·se ? Comment concilier santé mentale et travail ?
Le travail c'est la santé ?
Nous faisons peser sur le travail des éléments fondateurs de notre bien-être et de notre humanité. Mais avons-nous raison d’attendre autant de notre emploi ? Le travail doit-il répondre à tous nos besoins dans la vie ? Peut-il vraiment nous rendre heureux·se ? Comment concilier santé mentale et travail ?
Le travail c'est la santé ?
Nous faisons peser sur le travail des éléments fondateurs de notre bien-être et de notre humanité. Mais avons-nous raison d’attendre autant de notre emploi ? Le travail doit-il répondre à tous nos besoins dans la vie ? Peut-il vraiment nous rendre heureux·se ? Comment concilier santé mentale et travail ?
Le travail c'est la santé ?
Nous faisons peser sur le travail des éléments fondateurs de notre bien-être et de notre humanité. Mais avons-nous raison d’attendre autant de notre emploi ? Le travail doit-il répondre à tous nos besoins dans la vie ? Peut-il vraiment nous rendre heureux·se ? Comment concilier santé mentale et travail ?
Le travail c'est la santé ?
Nous faisons peser sur le travail des éléments fondateurs de notre bien-être et de notre humanité. Mais avons-nous raison d’attendre autant de notre emploi ? Le travail doit-il répondre à tous nos besoins dans la vie ? Peut-il vraiment nous rendre heureux·se ? Comment concilier santé mentale et travail ?
“Le bien-être c’est de ne pas être au travail. Le travail doit nous permettre d’être bien en dehors, à l’extérieur.”
– Vincent Leggiero, délégué du personnel et responsable syndical aux TPG
Lorsque notre travail ne répond pas à nos besoins fondamentaux, notre santé mentale se dégrade. Nous connaissons tou·tes au moins une personne malheureuse au travail, ce qui la rend malheureuse AUSSI en-dehors du travail. Pourquoi tant d’emplois menacent-ils notre santé mentale ?
Uberise-moi !
Le monde du travail contemporain s’attaque violemment aux besoins fondamentaux de l’être humain, par :
- l’intensification du rythme du travail
- l'hyper-flexibilité des heures/planning de travail
- la surcharge d’informations
- l’augmentation du niveau d’exigence
- la précarité de l’emploi (manque de sécurité en termes de contrat, de salaire et de protection sociale)
- la distension des liens sociaux
- la perte de sens
- le manque de reconnaissance…
Prenons la précarité de l’emploi par exemple. Le sentiment d’incertitude généralisée qui en découle vient directement attaquer notre besoin viscéral de sécurité.
Si on se réfère à la pyramide de Maslow, ce besoin de sécurité (recherche d’un environnement stable, d’une bonne santé), vient juste après la satisfaction de nos besoins physiologiques (boire, manger, dormir). Lorsque l’être humain reste trop longtemps dans une situation précaire et incertaine, l’impact sur sa santé mentale est énorme. Nous en avons fait l’expérience collective pendant ces deux dernières années de crise sanitaire. L’incertitude peut fortement ébranler notre équilibre.
“Quand on ne vit que des fragments de vie c’est impossible de donner un sens à sa vie.”
– Les nouveaux pauvres : quand travailler ne suffit plus (Arte)
L'ubérisation du travail est une autre dérive du monde du travail :
- horaires fractionnés ou gérés par des algorithmes
- désintégration du lien social
- perte d’autonomie
- absence de protection sociale
- irrégularité des revenus et aucune garantie (contrat zéro heure)
Le journal Le Monde parle des dangers du travail en miettes. La Tribune de Genève a elle aussi traité le sujet en suivant le quotidien d’un livreur Uber Eats.
Dans le livre Ubérisation, et après ?, la sociologue Dominique Méda fait le constat suivant : « Le discours selon lequel l’auto-entrepreneuriat [statut exigé par les platesformes pour travailler avec elles] constituerait un havre de liberté est un mythe, une illusion. »
L'ubérisation (du nom de l'entreprise Uber) est un phénomène récent dans le domaine de l'économie consistant en l'utilisation de services permettant aux professionnel·les et aux client·es de se mettre en contact direct, de manière quasi instantanée, grâce à l'utilisation des nouvelles technologies. On l’appelle aussi économie de plateforme.
Sur l’échelle des dérives contemporaines, l’ubérisation est un cas extrême. Cependant, en Suisse, en 2020, les chiffres montrent que la santé mentale des travailleuses et travailleurs est mise à mal :
Je travaille donc je résiste… mais à quoi ?
On assiste depuis plusieurs années, à une normalisation inquiétante de la souffrance au travail ; lorsque les conditions de travail nuisent à la santé mentale des employé·es, elles génèrent de la souffrance psychologique. Cette souffrance crée un double problème : souvent, elle n’est ni reconnue ni traitée.
Pire, les comportements fréquemment valorisés en entreprise sont ceux de l’endurance psychique ou encore de la résistance au stress. Il est donc normal de les supporter sans rien dire…
Cette logique poussée à l’extrême conduit à des raisonnements terriblement néfastes pour la santé mentale : si nous ne travaillons pas “dur” et que nous ne sommes pas capables de résister au stress, pour un job qui n’a peut-être même plus de sens à nos yeux, alors nous sommes “mauvais·es” et ne méritons pas d’être aidé·es.
“Il n’est pas de punition plus terrible que le travail inutile et sans espoir.”
– Albert Camus, écrivain et philosophe français du début du 20eme siècle
La perte de sens au travail vient souvent aggraver la situation. David Graeber, anthropologue du milieu du 20e siècle à la London School of Economics, est le premier à avoir mis des mots sur ce phénomène. Selon lui, les Jobs à la con (“bullshit job” en anglais) sont responsables du sentiment d'aliénation des employé·es de bureau. Dédier sa vie à “des tâches inutiles" et vides de sens, tout en ayant pleinement conscience de la superficialité de leur contribution à la société, ce n’est plus une situation tenable pour la plupart des gens.
Mais résiste-t-on vraiment au stress ?
Pourquoi est-ce si difficile de mettre des limites ? Lorsque la souffrance s’installe au travail, un autre phénomène dévastateur se superpose au mal-être existant : celui de la responsabilisation individuelle. Qui n’a jamais eu le sentiment de se retrouver seul·e face à ses exigences ? De se remettre sans cesse en question ? De se sentir seul·e responsable de ses échecs, ou pire, responsable de sa propre souffrance ?
En réalité, la capacité de chacun·e à emmagasiner du stress sans que notre santé mentale en souffre est fortement inégalitaire. Contexte politique, situation économique, tissu relationnel, sont autant de facteurs qui agissent sur notre aptitude à faire face aux événements stressants.
“Il y a tellement de choses extérieures qui peuvent générer du stress, des choses sur lesquelles nous n’avons aucun contrôle et ce n’est donc pas de notre faute.”
– Caroline Ménard, professeure au Département de psychiatrie et neuroscience de la Faculté de médecine de l’Université Laval
Lire les autres articles du dossier
- Site d'information sur l'épuisement professionnel
- Groupe de soutien autour du burnout
- La Clinique du Travail: une équipe pluridisciplinaire intervenant comme tierce partie, à la fois neutre et médiatrice, afin de faciliter le dialogue entre les différents acteurs gravitant autour des personnes concernées par une problématique de santé au travail.
- Tribunal des Prud’hommes: traitement des litiges découlant d’un contrat de travail de droit privé.
- Communauté genevoise d’action syndicale: organisation faîtière regroupant les syndicats de la République et canton de Genève.
- Association Employés Suisse: conseils en droit du travail et des assurances sociales, et en formation continue.
- La consultation interdisciplinaire en santé au travail (CIST) du canton de Genève
- Association Dew: défense des employés et des lanceurs d'alerte contre les violences au travail et les représailles.
- Article minds - La reconnaissance au travail, un besoin vital
- Livre: Burnout, la maladie du XXIème siècle ?”
- Podcast Travail en cours - Faire le deuil de son travail idéal
- Article: Le burn-out est le signe d’un dysfonctionnement collectif”
- BD: Le dimanche soir
- BD: Travaille ! (pourquoi ?)
- Documentaire Arte: Détresse psychologique au travail: le tabou
- Mediapart live : Souffrance au travail
- Podcast: Le droit à la déconnexion, c’est quoi ?
- Vidéo Specimen - Le travail c’est ma santé ?
- Article: Être reconnu au travail, un besoin vital
- Girard, D., (2009), Conflits de valeurs et souffrance au travail, Éthique publique, V. 11, N. 2, pp. 129-138.
- Gonik, V. (2021). Le bonheur au travail: une nouvelle obligation ? Dans S. Le Garrec (Dir.), Les servitudes du bien-être au travail (pp. 15-32). Toulouse: Éditions érès.
- Graeber, D. (2019). Bullshit Jobs, A Theory. Simon and Schuster.
- Henderson, J. D., (2022), Self-Care is Not the Solution for Burnout, The Beautiful Truth, URL: https://thebeautifultruth.org/life/mental-health/self-care-is-not-the-solution-for-burnout/
- Lässig Bondallaz, V, (2021). L’ESPA en bref 2020. Neuchâtel: Office fédéral de la statistique (OFS).
- Le Garrec, S. (Dir.). (2021). Les servitudes du bien-être au travail. Toulouse: Éditions érès.
- Leka, S. et Jain, A., (2017), Mental Health in the Workplace in Europe, EU Compass for Action on Mental Health and Well-being, Consensus paper, 40 p.
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- Office fédérale de la statistique (OFS), (2017), Enquête suisse sur la santé 2017, URL: http://www.portal-stat.admin.ch/sgb2017/files/fr/00.xml
- Promotion Santé Suisse, (2020), feuille d’information 48, Job Stress Index 2020, Monitorage des indicateurs du stress chez les personnes actives en Suisse.
- Schuler, D., Tuch, A. et Peter, C., (2020). La santé psychique en Suisse. Monitorage 2020 (Obsan Rapport 15/2020). Neuchâtel: Observatoire suisse de la santé.
- Travail.Suisse, (2021), CP “Baromètre Conditions de travail 2021” – Analyse des principaux résultats.
- Vasey, C. (2012). Burn-out: le détecter et le prévenir. Archamps: Éditions Jouvence.
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- Waddell, G. et Burton, A. Kim (2007). Is work good for your health and well-being ? The Stationery Office (TSO).
- Wagner, SI. et al., (2016), Mental Health Intervention in the Workplace and Work Outcomes: A Best-Evidence Synthesis of Systematic Reviews, The International Journal of Occupational and Environmental Medicine, V.7, N.1, pp.1-14.