La retraite, c’est un bouleversement de vie encore trop souvent tabou. Et pourtant, il est primordial d'anticiper et de se préparer à cette étape de la vie, de se questionner, en tant qu’individu mais aussi collectivement, en tant que société, pour mieux aborder cette période de transition.

“En 2016, 1,46 million de personnes en Suisse étaient âgées de 65 ans ou plus” (1)

Une personne “prend sa retraite” lorsqu’elle cesse son activité rémunérée et commence à recevoir des pensions (2). Dans notre société actuelle, 68% de la population est dite active et sera un jour concernée par la retraite (6). Un passage obligé donc, sur lequel on ne compte plus les idées reçues !

Comment éviter la rupture entre la vie dite active et la retraite ?

La retraite constitue un moment de vulnérabilité pour notre santé mentale, et c’est normal ! C’est un véritable bouleversement dans nos vies. Mais bonne nouvelle ! Il est possible de s’y préparer. Comment ? Et si on commençait par se questionner sur notre rapport au travail ? Il est parfois important de se rappeler que :

1. Il n’y a pas que le travail dans la vie ! Bien d’autres activités peuvent répondre à nos besoins et favoriser notre santé mentale.
2. Le travail rémunéré n’est pas la seule manière de contribuer à la société.
3. La retraite ne marque pas la fin de la vie, au contraire, elle est le début d’une période de potentielle liberté. Un véritable champ des possibles !

“Les femmes et les hommes qui parviennent aujourd’hui à l’âge de la retraite en Suisse ont encore un quart de leur vie devant eux” (1)

Ne pas mettre tous ses oeufs dans le même panier

A l’approche de la retraite, il est particulièrement important d’identifier ce qui, en dehors du travail, contribue à notre équilibre. Ce conseil est valable tout au long de la vie !

1. Identifier les aspects de votre vie et les activités qui vous nourrissent (loisirs, sport, relaxation, spiritualité, ami·es, famille, art, etc.).
2. Structurer votre nouvel espace de liberté que vous offre la retraite grâce à ces éléments identifiés
3. N'hésitez pas à essayer plusieurs activités ! Parfois, on ne trouve pas tout de suite ce qui nous convient !

Mais attention aux injonctions ! Se préparer à la retraite ce n’est pas se mettre une pression démesurée pour “réussir” notre retraite ! Il s’agit plutôt de réfléchir au changement en amont, et de l’aborder avec le moins de pression possible.

Plutôt que d’établir une nouvelle injonction d’efficacité et de performance, ne pourrait-on pas imaginer de ralentir le rythme ? La retraite est après tout l’occasion de découvrir de nouvelles choses, de prendre son temps et de se faire plaisir.

Bien vivre notre retraite ne dépend pas que de nous

Si les éléments abordés plus hauts nous permettent de préparer notre retraite dans une certaine mesure, ils ne suffisent pas à garantir notre bien-être le moment venu. La retraite est aussi (et surtout) un enjeu collectif et politique !

“Pour près de 180 000 personnes ayant atteint l’âge de la retraite, les rentes AVS et le versement des avoirs de caisse de pension n’ont pas permis de couvrir les dépenses vitales (en 2016 en Suisse).” (2)

L’aspect financier de la retraite est un déterminant central de notre santé mentale. Celui-ci dépend en grande partie du système d’assurance vieillesse et du marché du travail. Il est évident qu’une personne travaillant 50 heures par semaine pour un salaire dérisoire n’aura pas les moyens ni l’énergie de préparer sa retraite. De même, une personne vivant avec une rente insuffisante pour assurer ses dépenses vitales ne peut pas s’assurer une bonne santé mentale sans aide.

La retraite, si elle est un défi personnel de taille, est aussi un enjeu social majeur. La précarité et les difficultés financières sont une énorme source de stress pour les personnes qui les vivent et ont une influence très négative sur la santé mentale des personnes. Cependant, des aides existent et en bénéficier est un droit !

Des travailleur·euses invisibles

Les activités invisibles des retraité·es, comme le bénévolat, sont des piliers fondamentaux de notre société ! Les femmes ayant atteint le 3ème âge jouent notamment un rôle clé. Non seulement elles s’occupent généralement de leurs petits-enfants, mais bien souvent ce sont également elles qui jouent le rôle de proches-aidantes auprès de leurs proches âgé·es et dépendant·es (3). Un travail titanesque pourtant déconsidéré, preuve en est la réforme de l’AVS 2021 qui augmente l’âge de la retraite des femmes à 65 ans sans prendre en compte les coûts immenses de la perte du travail invisible qu’elle implique.  

En 2018, 72% des grands-parents gardaient leurs petits-enfants de manière régulière ou occasionnelle. (3)